Plusieurs cols impressionnants nous séparent encore de l'océan Pacifique. Au terme de quelques ascensions mythiques, nous arrivons finalement dans le désert de Nazca, célèbre pour ses dessins gigantesques tracés sur le sol.
Nous quittons Cuzco pleins d'humilité, car la route pour Nazca ne sera pas facile. Grâce aux précieuses informations fournies par mes parents (qui ont fait le trajet en voiture), nous savons déjà qu'il nous faudra sans cesse grimper au dessus de 4000m puis redescendre au dessous de 2000m.
Après deux jours de vélo, une longue descente, une crevaison et quelques "chicharones de chancho" (gras de porc) nous attaquons la première difficulté de la traversée: Abra Sorllaca, 4000m et beaucoup de lacets.
Lacets sur la route de Curahuasi
Réparation sous l’œil intrigué des restaurateurs
Séb et Martin en pleine montée
Leur papa a un petit stand de nourriture au bord de la route
Les chiens attendent patiemment les restes de nos chicharones de chancho
Nous arrivons au sommet du col en fin d'après-midi, prenons un petit "mate" en contemplant la valse des nuages au dessus d'Abancay. La vue depuis le col est superbe, à tel point que nous nous y attardons un peu. Il nous reste une descente de 30km, que nous terminerons de nuit pour arriver à Abancay.
Petit "mate" au sommet du col, 4000m
Les nuages tourbillonnent au dessus d'Abancay
Nous souhaitons vous faire partager nos expériences musicales. Presque tous les restaurants diffusent sur leur télévision des clips de musique traditionnelle péruvienne, dont voici un exemple représentatif: Esmeralda de los Andes.
Nous repartons d'Abancay avec un agréable vent arrière, qui nous permettra de parcourir 120km de montée en une (longue) journée. Le lendemain nous nous arrêtons dans un bistrot avant d'attaquer une grosse montée, et la télévision diffuse en direct le match de football de Ligue des champions Barcelone-Paris, que les autochtones suivent avec intérêt. Nous resterons finalement jusqu'à la fin du match, ce qui nous fera une fois de plus arriver de nuit.
Le vélo de Martin au "pit stop", crevaison
Lacets impressionnants pour terminer la journée
Suivez les flèches
Lorsque nous repartons le lendemain, nous roulons sur des hauts plateaux, au dessus de 4000m. On nous avait promis du plat, mais les ascensions se succèdent.
Enclos de pierre
Lorsque nous arrivons à Negromayo, il fait 2ºC et la nuit est déjà tombée. Coup dur pour le moral, il n'y a pas de possibilité d'hébergement. Nous savons que sur ces hauts plateaux, le mercure descend chaque nuit au dessous de -5ºC. Nous sommes donc peu enthousiastes à l'idée de dormir sous tente. Nous envisageons de dormir dans le seul restaurant du village mais il semblerait que la famille qui y travaille utilise déjà la salle à manger comme chambre à coucher.
Nous discutons avec un homme dans le restaurant. Je lui demande s'il ne serait pas possible de dormir dans l'école ou dans n'importe quel local abrité du vent. Il m'explique que ce n'est pas possible car les gens n'accepteront pas d'héberger des gens qu'ils ne connaissent pas. J'insiste un peu, jusqu'à ce qu'il me fasse le fameux signe du pouce qui vient frotter l'index et le majeur. "Tienen que pagar" (vous devez payer). Il me fait alors savoir qu'il est le directeur de l'école (ce qu'il s'était bien gardé de nous dire jusqu'à présent). Visiblement sa confiance a un prix: 15 soles (5CHF) par personne.
Sa proposition est plutôt malhonnête, car il est peu probable qu'il utilise cet argent pour acheter de nouveaux tableaux noirs. Mais transis de froid, épuisés, nous acceptons son offre. En plus cela nous permettra de voir dans quelles conditions étudient les petits Negromayens. Il emmène avec lui deux élèves pour l'aider à porter les peaux de lama qu'il nous fournit contre le froid. Dans la salle de classe, l'équipement est rudimentaire, mais le lieu est bien entretenu.
Salle de classe à Negromayo, avec au coin des peaux de lama pour nous tenir chaud
Negromayo au petit matin (il fait -4ºC)
Lorsque nous repartons, le directeur de l'école nous demande de rester discret concernant son sens de "l'hospitalité". "Il est interdit d'héberger des étrangers dans l'école. Les gens n'ont pas l'esprit ouvert, ils ne comprendraient pas".
Arrivés sur les hauts plateaux, la route est enfin plate, et longe de jolies lagunes. Nous nous arrêtons pour discuter avec un berger, fort sympathique. Il est au bord de la route et attend le passage d'une voiture pour se faire emmener au village en stop. Après quelques minutes de discussion, il lance à Akira "Regalame tus anteojos" (donne-moi tes lunettes). "No puedo, los necesito" (Je ne peux pas, j'en ai besoin). "Si, entiendo" (Ok, je comprends). Et nous prenons congé, nous saluant chaleureusement.
Les lagunes sur le haut plateau
Lamas et Alpacas "en pagaille", pour reprendre une expression de l'équipe de reconnaissance
Arrivés à Puquio après une descente plaisante, je fais une nouvelle expérience culinaire. J'avais déjà goûté du cochon d'Inde, mais c'est la première fois qu'il est servi entier, avec la tête. Au final cela ressemble à du poulet, avec moins à manger.
Cuy dorado (cochon d'Inde grillé), dégusté à Puquio
Un seul massif nous sépare à présent de l'Océan Pacifique. Nous comptons le traverser via l'Abra Condorcenca, 4390m. Ensuite il ne nous reste plus que de la descente. Nous décidons de dormir au col, afin de fêter dignement notre dernier col andin.
Campeur maniaque qui souhaite enlever tous les cailloux (rassurez-vous il finira par renoncer) avant de monter sa tente
Notre dernier col en Amérique du Sud, ça vaut bien une bière à haute altitude!
Dernières lueurs
Nous dormons sous un ciel incroyable, entourés de vigognes.
Un logement peu spacieux, mais plutôt confortable (si l'on excepte l'absence de chauffage).
Avouez qu'il y a pire lieu pour établir son campement!
Le problème des bivouacs loin de la route, c'est qu'il faut y parvenir
C'est parti pour la descente la plus longue et la plus mythique de notre voyage en Amérique du sud. Nous sommes à plus de 4000m et allons descendre jusqu'à Nazca, à 600m d'altitude. Il s'agit de faux plat sur les premiers 30km, puis la pente s'accentue à partir du km 67 et serpente en lacets jusqu'à Nazca, situé au km 0. Les 100km sont finalement parcourus en moins de trois heures de vélo.
La borne kilométrique nº67, annonciatrice de la plus longue descente de notre voyage andin
Akira en pleine descente
En seulement quelques kilomètres, la végétation disparaît complètement et nous nous retrouvons en plein désert. Nous longeons la 2e dune de sable la plus haute du monde (un tas de sable de 1176m).
Un cycliste est caché sur cette photo. Au fond, une gigantesque dune de sable
Martin et Akira négocient avec beaucoup de talent l'une des nombreuses épingles de la descente
Arrivés a Nazca, nous nous envolons a la découverte d'un phénomène mystérieux: les lignes et géoglyphes de Nazca. Réalisés il y a plus de 15 siècles par la société pré-incaïque dite "de Nazca", ces dessins et formes géométriques gigantesques tracés sur le sol n'ont pas encore dévoilé tous leurs mystères.
Pour tenter de faire avancer la science, nous montons à bord d'un petit Cessna qui survolera les dessins les plus connus. Nous remercions au passage les généreux donateurs qui ont financé cette expédition archéologique. Durant une demie-heure, l'avion effectue des virages serrés au dessus de chaque dessin.
Trois archéologues partent en mission
Le "Colibri", 50 mètres de long
Le "Singe", 55 mètres de long
La route à venir.
Quelque 450km nous séparent à présent de Lima. Mais avant de mettre un terme à notre périple sud-américain, il nous faut encore traverser le désert de Nazca, puis longer la côte pacifique. De nouvelles aventures en perspective...
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